Espace privé / Espace public
Blog • Chronique littéraire
© « Machu Picchu », 53 logements et espaces partagés à Lille, SIA Habitat, Architecte : Sophie Delhay architecte – NAJA 2006 plus d’infos
Comment l’appropriation de l’espace intervient dans une configuration d’habitat partagé ?
Notre logement n’est pas seulement un abri, un toit, il nous définit. Habiter un lieu, c’est se l’approprier, afin que lui même s’en trouve « habité » par notre présence. L’espace privé se constitue comme le temple de notre intimité et reflète la paix et la sécurité face au monde extérieur ; il se pose ainsi comme un véritable point d’ancrage dans la construction de soi.
Dans ce contexte, le format de l’habitat partagé pouvant interroger dans ses espaces de vie, il convient de mettre en lumière quelques réponses.
Si le concept d’habitat participatif vise à développer le vivre ensemble, il n’autorise pas pour autant l’intrusion dans l’intimité. La délimitation géographique des différents espaces est bien-sûr définie comme dans les autres formes d’habitat collectif, par des marqueurs visuels et architecturaux (haies, couloirs, paliers…) Le visiteur pénétrant dans l’immeuble traversera plusieurs filtres avant d’arriver à la frontière ultime entre espace collectif et espace privé : le seuil de la porte (1). Le « chez soi » comme gardien de notre intimité est donc parfaitement préservé. Cependant, on se demandera dans une autre mesure si les espaces partagés peuvent être intégrés à la construction de ce « chez soi ».
En effet, si habiter un lieu, c’est se l’approprier, l’appropriation de ce territoire passe par la maitrise et répartition de l’espace. En s’inscrivant dans une démarche de programmation des différents espaces partagés et d’attribution de leurs fonctions, les habitants présents ou futurs sont déjà pleinement dans l’appropriation de ces lieux de vie commune, les constituant comme parties intégrantes de leur habitat.
L’investissement des espaces mutualisés passera aussi entre autres par la disposition d’objets personnels, porteurs de sens pour l’habitant. On imaginera très bien par exemple un atelier de bricolage mutualisé par un groupe de voisins, lesquels auraient parsemé le lieu de vie d’effets personnels. L’espace partagé devient ainsi une extension du logis dans lequel cohabiter revêt son sens littéral : habiter en communauté. Une vie communautaire régie par des règles de vie communes et nécessaires pour le bien habiter ensemble.
(1) Qu’est ce qu’habiter ? – Les enjeux de l’habiter pour la réinsertion – Nadège Leroux
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